rêve du XXIieme siècle
je conduis une mercedes
rouge sang
cabriolet
et la jeune fille blonde
à côté de moi,
une véritable bombe sexuelle,
me parle de son nouveau shampoing
qui lui fait de beaux reflets
« or »,
et puis du fait qu’elle a beaucoup
posé,
avant,
avec des photographes connus.
- qui par exemple ? je demande.
- qui quoi ?
- quels photographes ?
- Sidney Bloomsday, tu connais ?
- non.
- dans le métier, tout le monde l’appelle
Sid,
c’est drôle, non ?
- qu’est-ce qui est drôle ?
- Sid, comme dans Corneille,
le Sid.
- ce n’est pas Sid, mais Cid, et puis
Le Cid n’est pas un prénom,
c’est un peu comme le roi, le prince,
le champion, c’est le Cid.
Tout à coup elle me regarde méchamment.
alors je pars d’un grand
éclat de rire –ah ah ah,
tandis qu’on se gare devant l’entrée
du palace où nous logeons depuis une
semaine maintenant,
semaine exclusivement consacrée
à la baise et à la fête.
- dis ? elle demande dans le hall.
- quoi ?
- tu me racontes une histoire ?
- une histoire de quoi ?
- une histoire de princesse.
alors je lui ressors Cendrillon
à grand coup de décapotables
de montres en or et de parrains
de la drogue
et tandis que je la déshabille
je lui balance à la fin :
- elle a eu deux enfants, pas plus,
qui devinrent : un avocat,
l’autre chirurgien esthétique,
elle se fit lifter trois fois
et vécut heureuse. point.